Autoédités ; littérature blanche vs romans de genre

Les autoédités sont-ils la résurrection de la littérature blanche ou la surproduction de romans de genre ? Question de Charlie Bregman

La résurrection de la littérature blanche ? Aurait-elle disparu ? non (c'est ma réponse et de plus, je ne vois pas comment elle pourrait le faire).
Surproduction de romans de genre ? A partir de combien de romans y a-t-il surproduction ?

La problématique est faussée dès le départ, dans la mesure où les autoédités font appel, dans leur majorité « plus que grande » à Amazon parce que c’est la -quasi- seule plateforme aujourd’hui qui peut offrir une visibilité à un livre, visibilité que le livre acquiert grâce aux « catégories » dans lesquelles l’auteur peut classer son livre. Les auteurs autoédités l’ont bien compris, eux qui cherchent à classer bon an mal an leurs livres dans ces catégories ; ils savent en effet qu’une place numéro 1 dans une catégorie peut booster la vente, être numéro 1 d’une catégorie est une forme d'appel à acheter envoyé aux lecteurs, même s’il s’agit d’une sous-sous-sous catégorie. Oui, cela fonctionne comme ça.
La littérature blanche n’a pas disparue, ce sont les auteurs qui sont contraints à catégoriser leurs ouvrages, alors qu'ils s'en seraient quelquefois bien passé...
Les romans de genre ont toujours existé et la surproduction de livres (si elle est avérée) n’est pas spécifique à une classification ; c’est le marché qui incite les auteurs à classifier leurs livres, notamment sur la toile.
Alors, oui, les romans de genre (sentimental, érotique, thriller, etc.) se vendent bien (sont-ils en surproduction ? à voir) mais c’est parce que la nature a horreur du vide, et les lecteurs idem. Ou bien une certaine catégorie de lecteurs ?
Enfin, la question laisse entendre qu’il y aurait opposition entre littérature dite blanche et romans de genre ; sur ce coup-là, je suis perplexe… Comme si un auteur ne pouvait à la fois écrire de la littérature blanche et du roman de genre ?

Last but not... Je suis une grande fan de James Ellroy, parce que j'aime sa voix, entre autres choses ; dans quelle catégorie dois-je mettre cet auteur ? Est-ce que j'ai envie de le mettre dans une case ?

Comments

[Bregman]

La question était un peu maladroite (ou en tout cas un peu tranchée). Pour ma défense, elle a été formulée sur Twitter ;-)
D'accord avec Selma au sujet du « narcissisme creux de bien des ouvrages "littéraires" de littérature blanche ». En posant cette question, je voulais sous-entendre que les auto-édités explorent des mélanges de genre assez audacieux, où la littérature blanche, justement, s'amuse parfois avec les codes de certains genres. Le terme "résurrection" était plus proche de l'idée de renouveau que de l'émergence de quelque chose qui avait disparu. L'auto-édition est avant tout synonyme de liberté, et dans cette liberté, il me semble naturel de voir émerger quelques textes "hors normes", vraiment originaux et qui, pour le coup, n'auraient pas beaucoup de chances d'être publiés par un éditeur traditionnel qui finit toujours par soumettre sa passion des mots à la sanction comptable.
Ensuite, la question que l'on peut se poser, c'est : est-ce que le terme "auteur entrepreneur" (qui me semble être une bonne "étiquette" pour définir les auteurs auto-édités, ou auteurs indépendants, qui se sentent suffisamment passionnés par l'écriture pour vouloir s'inscrire dans la durée) est vraiment compatible avec la production d'une littérature blanche, a priori moins adaptée au marché du livre numérique, étant donné qu'elle est généralement appréciée par une certaine catégorie de lecteurs plutôt "élitistes" qui dénigrent beaucoup l'auto-édition ?
Dans auteur entrepreneur, il y a l'idée d'une entreprise. Donc d'une stratégie.
Est-ce que cette stratégie, à plus ou moins long terme, ne finira pas par donner son coup de grâce à la littérature ?
Ou, au contraire, sera-t-elle un bon moyen de la rebooster, notamment en permettant à des gens qui ne lisent jamais un livre au format papier, de redécouvrir le plaisir de la lecture grâce à d'autres supports qui ne leur réveilleront pas leur cauchemars scolaires ? ;-)

[Selma Bodwinger]

La littérature, c'est une bonne histoire soutenue par une belle écriture. La littérature de genre traine la réputation d'être mal écrite. Mais que dire des flopées de romans de littérature blanche oublieux de raconter une histoire. On en parle moins, mais le succès des romans de genre s'explique en partie par le narcissisme creux de bien des ouvrages "littéraires", dont les éditeurs semblent ne jamais se lasser.
Les auteurs édités écrivent sans doute en majorité des livres correspondant à leurs goûts et lectures favorites. Je parierais ma chemise qu’ils sont le reflet du marché du livre, ni plus ni moins.