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Le Ray’s Day qu’est-ce que c’est ?
Le 22 août, date anniversaire de la naissance de Ray Bradbury (l’auteur de Fahrenheit 451 et Chroniques Martiennes), nous fêterons les livres, les auteurs et les lecteurs.
Ray's Day : fêtons la lecture, les auteurs et les lecteurs le 22 août!
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LA FORCE NOIRE
on est venu te chercher, tu ne savais pas trop pourquoi au début et puis sur le bateau tu a compris, tu étais français, tu allais se battre, tu allais vers le froid.
il y avait eu beaucoup de morts dès les premières semaines, et l’armée manquait d’hommes,
il fallait fournir.
tu étais arrivé à Bordeaux, ville de triste mémoire pour tous tes frères noirs, sur une base militaire pas très loin de la dune, on t’avait habillé, donné des chaussures, des bandes de tissu en laine qu’il fallait entourer autour et du mollet.
on t’avait montré des fusils avec une longue pique au bout, un officier t’avait expliqué comment il fallait t’en servir, comment te battre,
certains ne comprenaient pas, on les avait enlevé de la brousse ou de la montagne,
tu parlais un français pas tout à fait comme les autres, les officiers avaient un petit livre pour comprendre vos mots, pour vous parler, pour avancer, se cacher, reculer, foncer, pour exécuter les ordres,
on l’appelait le parler « pitinègue ».
de vagues fossés creusés à la va vite, de 200 ou 300 mètres, alignés, qui ne communiquaient pas toujours,
ça puait, ça sentait mauvais, il faisait froid, la neige, la boue les rats, la crasse,
les barbelés rendaient l’avancée difficile, déchiraient tes vêtements,
pas d’artillerie, ou si peu, on t’avait donné un couteau aussi, pour nettoyer après l’assaut,
tu l’aiguisais en le frottant contre ta gamelle.
il n’y avait plus d’hommes à l’arrière, tous partis à la guerre,
c’était les femmes qui fabriquait les casques.
le front s’étirait de plus en plus, jusqu’à la mer du Nord, les vareuses avaient un double boutonnage pour tenir plus chaud,
il faisait si froid.
l’état major a pensé que tu ne supporterai pas l’hiver,
alors, on t’a fait revenir dans le camp, au Courneau,
en plein marais, des baraques en bois qui prenaient l’eau, de la paille pour dormir, l'humidité envahissait ton corps,
un peu comme dans les tranchées, sans le bruit de la bataille.
il manquait des hommes pour les travaux alentour, on vous a conduit chez les blancs, tu prenais le chemin des nègres, comme ils disaient, pour aller travailler et revenir, tu aurais pu essayer de s’en aller, mais pour aller où ?
et puis, c’était ton pays aussi, tu voulais le défendre.
de la pluie, sans arrêt, sans arrêt, l’eau passait à travers les toits des baraques qui n’étaient pas assez étanches, les molletons ne séchaient jamais, les paillasses moisissaient.
vous êtes tombés malade, une toux qui ne vous lâchait pas, les frissons, la fièvre,
certains crachaient partout, du sang,
un médecin est venu, il vous a fait des piqûres, même à ceux qui n’étaient pas malades,
des morts par centaines,
ceux qui n’étaient pas morts sont partis vers le Chemin des Dames,
quand la tuerie a été terminée, les vivants ont été ramenés chez eux,
il ne fallait pas que l’on vous voit, il ne fallait pas que les hommes qui revenaient s’aperçoivent que vous aviez côtoyé quelquefois leurs femmes, leurs enfants.
cette victoire n’était pas la vôtre.
tu es resté là, tu y es toujours,
quand tu es mort, on avait mis une croix en bois sur ta tombe, avec ton nom et la date de ton décès, mais quelques années après, pendant la deuxième guerre, ils ont fait passer les bulldozers et ont tout rasé, ils vous ont remués, cassés, pelletés dans tous les sens, regroupés dans une fosse commune, sous le tumulus.
il y a presque un siècle.
Catherine LANG
Texte libre de droits de reproduction, sous réserve de citation du nom de l'auteur.
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C'est l'heure pour Daniela. Daniela la lionne, la chasseresse, la tigresse, la FEMME. Guêpière, bas noir, poudre sur les parties dénudées du corps, sinon ça brille avec la camera. L'heure de l...
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