LE MAITRE D’ÉCOLE
(d’après La pluie d’été, Marguerite DURAS, P.O.L. 1990 et Oh ! Ernesto)
Il ne veut pas
Je ne veux pas
Il est entré dans la bicoque pour parler
pour convaincre
le bol de chicorée fume encore sur la table
à quoi ça sert
Personne ne lit chez nous
Personne n’écrit
je suis un petit garçon intelligent
je peux apprendre
Il veut que j’apprenne
que j’aille à l’école
où des enfants crient et se chamaillent
l’école qui me sépare de ma mère
l’école qui m’arrache à mes rêves
et au monde que je m’invente chaque jour
je ne veux pas être différent
la mine m’attend
comme mon père
l’avenir sera vite passé
Ce que je sais, je le sais
ce que je sais est à moi et me suffit
je ne veux pas parler
je ne veux pas écrire
Laissez tomber tout doucement la pluie d’été
sur mon visage
celle qui est si douce quand je ferme les yeux
celle qui ne mouille pas mais rafraIchit
protégez moi des autres
protégez moi de la peur
de ne plus trouver les genoux ronds de ma mère
pour noyer mon chagrin
de ne plus parler à ma mère si mes mots lui sont étrangers.
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Traverser les murs, les frontières, les villes, les bruits, le silence, la peur, le passé. En poème, en prose, en mots.
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